Chroniques naniques

~ La naissance et l'histoire du peuple Nain en Elmore ~

(Ajouts au bg officiel par FleurOccitane)

Chapitre premier : la Genèse du Monde

Au commencement était le Globe de la Création où tout était mélangé, le grand et le petit, le sombre et le lumineux, le tout et le rien.

Les temps passèrent et le Globe se mit à grandir e à évoluer, et peu à peu deux puissances commencèrent à prendre forme au milieu de ce tout. Elles grandirent et se développèrent jusqu’à prendre la forme de deux entités distinctes. La lumière sous une forme féminine se nomma Einhasad, l’obscurité sous une forme masculine prit quant à elle le nom de Gran Kain. Ces deux êtres marquèrent le commencement de l’univers et de tout ce que nous connaissons aujourd’hui.

Einhasad et Gran Kain développèrent peu à peu une conscience et décidèrent d’unir leurs forces pour sortir du Globe de la Création. Sous la poussée de leurs volontés, le Globe éclata en une multitude de morceaux qui se dispersèrent alentours. Certains débris s’élevèrent pour former la Voûte Céleste, d’autres se rassemblèrent et créèrent la Terre. Entre Ciel et Terre se trouvait l'Eau, et certaines parties du sol s'élevèrent pour devenir des continents.

L’Esprit du Globe était nommé Ether. L’Ether fut lui aussi morcelé lors de la destruction du Globe. Chacune de ces parcelles devînt un être vivant, et c’est ainsi que naquirent les animaux et les plantes.

Les plus complexes de ces créatures ainsi créées étaient les Géants. Ils étaient connus pour leur sagesse, et leur intelligence était tout aussi développée que la puissance de leurs corps massifs. Ils promirent de prier Einhasad et Gran Kain et d’en faire leurs divinités car ils étaient nés de leur volonté commune, ainsi que toute chose en ce monde. Einhasad et Gran Kain furent comblés par cette promesse et les nommèrent maîtres de toutes les créatures vivantes.

Tout ceci se passa alors que la mort et le paradis n’existaient pas encore.

Puis Einhasad et Gran Kain donnèrent naissance à plusieurs enfants dieux. Les cinq premiers furent gratifiés de la maîtrise et du contrôle des éléments. La fille aînée, Shilen, reçut l’Eau. Le fils aîné, Paagrio, le Feu, et la cadette, Maphr, la Terre. Le fils cadet, Sayha, devînt maître du vent. Pour la plus jeune, Eva, il ne restait plus aucun élément, alors elle créa la musique et la poésie.

Ainsi commença l'ère des dieux et il n'existait aucun lieu sur terre inconnu de ces derniers.

Deuxième chapitre : la création des races

Einhasad était la déesse de la Création. Elle se servit de son propre esprit pour créer toutes sortes de créatures, et ses enfants utilisèrent leur essence et leurs pouvoirs pour donner vie et conscience à ces êtres.

Shilen insuffla l'esprit de l'Eau dans le premier être qui avait été créé. C'est ainsi que la race des Elfes apparût en ce monde.

Paagrio insuffla l'esprit du Feu dans le deuxième être créé et fit ainsi naître la race des Orcs.

Maphr insuffla l'esprit de la Terre dans le troisième être et enfanta de cette manière la race des Nains.

Sayha insuffla l'esprit du Vent dans le quatrième être, donnant naissance à la race des Arteias.

Gran Kain était un le dieu de la destruction. Quand il vit le travail d'Einhasad, il devint curieux et surtout jaloux. Il imita Einhasad et créa un être à sa propre image. Mais tout comme Einhasad, il avait besoin de l’essence des éléments pour lui donner vie et confiance, c’ets pourquoi il décida de solliciter l’aide de ses enfants.
Il alla tout d’abord voir Shilen, sa fille aînée, et lui demanda d'insuffler la vie dans l'être. Shilen en fut surprise et lui dit : "Père, pourquoi veux-tu faire une telle chose ? Einhasad, ma mère, est responsable de la création. S'il te plait, ne t'occupe pas d'un type de travail qui n'est pas le tien. Une créature recevant la vie d'un dieu de la destruction ne pourra apporter que le désastre".

Mais Gran Kain ne voulut pas abandonner. Après avoir cajolé et tenté de persuader sa fille, il finit par obtenir d'elle son consentement. "Je le ferai donc. Mais j'ai déjà donné l'Esprit de l'Eau à Mère, et la seule chose que je puisse te donner est ce qui reste". Ainsi Shilen donna l'esprit de l'eau stagnante et pourrie à Gran Kain. Ce dernier l'accepta avec joie.

Cependant, Gran Kain estima qu'il n'était pas suffisant de donner un seul esprit à sa créature. Alors il alla voir Paagrio, son fils aîné. Comme Shilen, Paagrio prévint aussi son père. Cependant, il ne puit se dérober à la demande de Gran Kain. Alors il lui donna l'esprit du feu mourant. Ce dernier l'accepta vivement.

Maphr implora aussi son père, les larmes aux yeux, mais finit par lui abandonner l'esprit des terres stériles et souillées.

Puis Sayha, à son tour, donna à son père l'esprit des vents violents et sauvages.

Satisfait, Gran Kain prit tout ce qui lui avait été donné et cria : "Regardez la race que j'ai créée. Regardez comment elle est née de l'Esprit de l'Eau, du Feu, de la Terre et des Vents. Elle sera plus forte et plus intelligente que les Géants ! Elle contrôlera le monde !"

Gran Kain cria avec fierté et insuffla les esprits dans les créatures à son image. Cependant, le résultat fut désastreux. Ses créatures étaient faibles, stupides, maladroites et lâches. Tous les autres dieux dédaignèrent les créatures de Gran Kain. Submergé par la honte de son échec, Gran Kain abandonna ces dernières et disparut pour un temps. Ces créatures nées de la jalousie du dieu de la Destruction furent appelées Humains.

La race des Elfes était sage et savait manier la magie. Mais ils étaient moins intelligents que les Géants. Par conséquent, ces derniers laissèrent les Elfes les servir dans les affaires liées à la politique et à la magie.

La race des Orcs était forte. Ils possédaient une force inépuisable et une grande volonté. Cependant, ils n'étaient pas aussi puissants que les Géants. C’est pourquoi ces derniers utilisèrent les Orcs pour les combats.

La race des Nains était habile. Ils étaient de bons ingénieurs, d'habiles mathématiciens et d'excellents artisans. Les Géants les autorisèrent à les servir dans les banques et le travail de manufacture.

La race ailée des Arteias adorait la liberté et possédait une curiosité sans fin. Les Géants voulurent capturer et subjuguer les libres créatures volantes, mais dès qu'un Arteia était enfermé dans une cage, il perdait rapidement toute force et finissait par mourir. Les Géants n’eurent d'autre choix que de laisser libres les Arteias. Ces derniers leur rendaient visite régulièrement pour leur donner des nouvelles des autres parties du monde.

Les Humains ne pouvaient rien faire de bien et ainsi devinrent les esclaves des Géants, s'occupant de toutes les tâches laborieuses. La vie des Humains n'était pas meilleure que celle des animaux.

Troisième Chapitre : la naissance du Peuple Nain

Lorsque Maphr reçut comme cadeau de sa mère Einhasad, le contrôle de l’Essence de la Terre, elle choisit comme ses aînés de donner la vie à ses propres créatures, les Nains. Et c’est ainsi qu’elle insuffla un peu de son Esprit au Peuple de la Terre.

Elle installa ses enfants au nord du continent, non loin des terres occupées par ceux de son frère Paagrio et les rassembla afin de leur confier à chacun un secret. Les premiers Enfants de Maphr étaient cinq, trois nains et deux naines.

Elle donna au premier le secret de la Bière, de la Culture et de la Fermentation. Elle lui donna aussi un nom, Valdahaz et créa pour lui des compagnons. La première tribu naine était née, la tribu des Valdahaz.

Au second, elle offrit le secret de l’Artisanat et de la Construction. Il fut appelé Angaz et prit la tête de la seconde tribu naine.

A la troisième, elle confia le secret de la Mine, de la Prospection et de l’Excavation. La tribu des Skrati vit ainsi le jour.

A la quatrième, elle apprit le secret des Runes et de l’Ecriture. C’est grâce à cette connaissance que la tribu des Rhunki façonna le premier langage nain.

Enfin, elle pensa que face aux créatures créées par ses frères et sœurs, ses enfants auraient besoin d’être protégés. Elle révéla donc au dernier le secret de la Guerre et du Combat et chargea la tribu des Barag de veiller sur l’ensemble de son peuple.

Le Peuple Nain était né et les cinq tribus s’installèrent sur les terres qui leur avaient été désignées et commencèrent à travailler pour leurs frères ainsi que pour les Géants qui dominaient le Monde.

Les Angaz et les Skrati aidèrent chacune des quatre autres tribus à construire un village et à l’aménager. Les Angaz dressèrent le leur au centre des terres naines, à l’emplacement du village actuel d’Ogmar. Les Rhunki, soucieux de partager avec les autres tribus les connaissances qu’ils avaient acquises, accolèrent leurs constructions à celles des Angaz. Les Skrati s’installèrent entre les mines de mithril et les mines de charbon afin de rester à proximité des sites d’extraction et les Valdahaz choisirent de se rapprocher des côtes au nord. Enfin, les Barag dressèrent leurs campements non loin des terres des Orcs afin de veiller à ce que ceux-ci ne viennent pas empiéter sur leur territoire.

Quatrième Chapitre : la guerre des dieux

Gran Kain était un dieu libre et sans inhibition. Cependant, il commit une énorme erreur en séduisant Shilen, sa fille aînée. Ils eurent une liaison, qui resta cachée jusqu'à ce que Shilen tombe enceinte. Quand Einhasad comprit, elle devint folle de rage. Dépouillant sa fille de sa position de déesse des Eaux, Einhasad prononça son bannissement du continent. Gran Kain se tint en retrait des évènements, et Shilen dut faire face seule à son destin.

Enceinte, Shilen pris la fuite vers l'Est. Au plus profond d'une sombre forêt, elle accoucha finalement, maudissant Einhasad et Gran Kain à chaque douleur de son lancinant labeur.

Les enfants nés du douloureux accouchement de Shilen portaient la marque du désespoir et de la colère de ses malédictions et devinrent des démons. Parmi eux, les plus fortes créatures furent appelées Dragons.

Il y eut six dragons nés des malédictions de Shilen à l'encontre de ses parents. Elle était submergée par sa haine envers Einhasad qui l'avait bannie et Gran Kain qui l'avait séduite puis abandonnée. Rassemblant ses enfants, elle décida de créer une armée pour punir ces dieux.

Les dragons les plus puissants reçurent l'ordre de se placer à l'avant de l'armée de démons pour se battre contre les dieux. Entendant ceci, Aulakiria, le dragon de la lumière, observa Shilen de ses yeux tristes et parla.
"Mère, tu ne sais pas ce que tu fais. Veux-tu réellement la destruction des dieux ? Veux-tu vraiment que ton père, ta mère et le reste des tiens tombent au combat dans des mares de leur propre sang ?"

Sa requête n'eu aucun effet sur les plans de Shilen.

Finalement, les démons envahirent le palais où vivaient les dieux, et une bataille féroce commença. Les six dragons détruirent tout ce qui se trouvait dans le palais. Même les dieux furent intimidés par leur incroyable puissance. La bataille semblait destinée à ne jamais prendre fin. Pourtant, si la guerre ne cessait pas rapidement, le monde disparaîtrait, et tous les êtres vivants seraient annihilés.

D'innombrables messagers des dieux et des démons furent détruits ou disparurent. Chaque jour n'était que tonnerre et foudre, de puissantes forces se menant de violents combats dans le ciel. Les Géants et les autres créatures de la terre tremblaient en voyant la terrible guerre qui se déroulait dans les cieux.

La bataille se poursuivit de nombreuses années, et finalement l'équilibre se rompit en faveur d'un camp. Malgré leurs nombreuses blessures, Einhasad et Gran Kain disposaient d'un pouvoir plus puissant et détruisirent de nombreux démons.

Les dragons continuèrent à se battre, bien que sérieusement blessés et couverts de cicatrices. Leur fatigue se fit ressentir de plus en plus. Au bout d'un temps, il apparut que la guerre finirait par se terminer avec l'extermination de l'armée de Shilen. Sur la fin, les dragons étendirent leurs ailes et s'enfuirent vers la terre. Les démons survivant les suivirent. Les dieux voulurent détruire l'armée en retraite, mais à cause de leurs propres blessures, tout ce qu'ils purent faire était de rester à observer le départ des dragons et des démons.
Cependant, alors que les enfants de Shilen mourraient les uns après les autres et perdaient la guerre, elle ne put supporter sa tristesse. Elle créa les enfers et y régna.

Cinquième Chapitre : le Peuple de l’Equilibre

Maphr était le troisième enfant, celui du milieu, et avait reçu en héritage de ses parents la lumière et l’obscurité à parts égales. Elle portait donc en elle l’équilibre, juste milieu entre les opposés.

Comme chacun des autres enfants d’Einhasad et Gran Kain, elle vécut cette guerre avec grande tristesse et prît la conscience que l’équilibre en toute chose était bien fragile. Elle en déduisit aussi que si cela avait pu se produire dans les cieux, la même chose pouvait arriver un jour sur la Terre, et remettre en cause l’existence de ses enfants, les nains.

Elle alla donc les trouver et tenta de leur expliquer les dangers auxquels ils pourraient être confrontés s’ils ne faisaient pas les bons choix. Mais les nains vivaient paisiblement et l’entente entre les tribus était parfaite. Leur existence était fondée sur le partage et la communauté et les guerres des dieux, même s’ils les avaient suivies et subies comme toutes les autres créatures terrestres, leur paraissaient bien éloignées de leur vie quotidienne. Ils écoutèrent donc Maphr avec attention, mais aucun d’entre eux ne sembla comprendre ce que la déesse voulait leur dire.

Déçue de ne pas avoir été entendue, Maphr décida de forcer le destin et insuffla à nouveau un peu de son esprit dans son peuple si naïf. Elle tenta de la sorte de leur donner la conscience le l‘Equilibre et l’importance de le sauvegarder.

Elle prononça alors les paroles suivantes : « A partir de ce jour, et jusqu’à la fin des temps, pour chaque nain qui rejoindra l’obscurité, un autre rejoindra la lumière, et c’est ainsi que l’Equilibre sera préservé. »

Elle ajouta avant de partir : « Peuple des nains, je te fais Peuple de l’Equilibre », puis retourna au milieu des ruines du palais des dieux.

Sixième Chapitre : le grand déluge

Après que Shilen fut partie, Eva hérita de l'autorité nécessaire pour contrôler l'Eau. Mais Eva était d'une nature timide et après avoir été témoin de la terrible défaite de sa soeur aînée et de la guerre entre les dieux, elle était devenue encore plus craintive. Afin d'éviter la lourde responsabilité qui devait lui incomber, elle creusa un tunnel au fond d'un lac et s'y cacha.

Sans déesse pour les contrôler, les Esprits de l'Eau était laissés à l'abandon et commencèrent à errer au hasard. Beaucoup trop d'eau s'accumula dans une région et forma un énorme marais, l'eau ne coula pas du tout à un autre endroit qui se transforma en désert … Au fil du temps, des parties du continent s'enfoncèrent soudainement dans les eaux ou encore des îles apparurent comme surgies de nulle part. En certains lieux, il plut jour et nuit jusqu'à ce que tout sauf les sommets des plus hautes montagnes soit submergés.

Les nains, comme toutes les autres créatures, durent quitter leurs foyers et leurs villages et partir pour se mettre à l’abri. Leur organisation en fut chamboulée et bon nombre d’entre eux furent séparés de leur tribu et de leur famille. On pouvait ainsi voir de petits groupes de nains de cultures différentes errer ça et là à la recherche de leurs proches.

Sur chaque parcelle de terre restant au dessus des eaux, toutes les créatures vivantes se rassemblèrent pour préserver leurs vies, mais ces morceaux de terre finirent par se transformer en véritables pandémoniums. Autant sur le continent que dans l'océan, les êtres vivants souffraient. Au nom de toutes ces dernières, les Géants implorèrent les dieux de leur venir en aide.
Einhasad et Gran Kain cherchèrent sur l'intégralité du continent et finirent par trouver le lac où se cachait Eva.

"Eva, regarde ce qui est arrivé parce que tu as refusé tes responsabilités. Tu as détruit l'harmonie du continent que nous avions créé. Je ne tolèrerai pas que tu continues à me désobéir". Einhasad était tellement en colère que ses yeux brillaient comme si des flammes dansaient au fond d’eux.

A cause des inondations, d'innombrables Géants et créatures vivantes partirent pour le monde de Shilen. Ce qui rendit Einhasad très jalouse de Shilen. Tremblant de peur, Eva abandonna et se conforma à la volonté de sa mère. Quand Eva se servi de son pouvoir pour ajuster les eaux, les désastres cessèrent graduellement. Cependant, il était impossible de restaurer le continent en ruine.

Les nains, comme toutes les autres créatures, durent quitter leurs foyers et leurs villages et partir pour se mettre à l’abri. Leur organisation en fut chamboulée et bon nombre d’entre eux furent séparés de leur tribu et de leur famille. On pouvait ainsi voir de petits groupes de nains de cultures différentes errer ça et là à la recherche de leurs proches.


Les géants commençaient à sentir le scepticisme grandir au fond de leurs coeurs. Gran Kain avait déjà prouvé sa propre stupidité en créant ces faibles créatures vivantes appelées Humains. De plus, à cause de la conduite indécente de Gran Kain et la jalousie d'Einhasad, les enfers avaient été créés et avaient ainsi permis l'existence de nombreux démons.
Et à cause de la faiblesse et l'incompétence d'Eva, le continent était en très mauvais état. Le doute avait commencé à germer dans l'esprit des Géants. De tels dieux méritaient-ils d'être adulés ?

Les Géants pouvaient monter des chariots créés de leurs propres mains et ainsi entrer et sortir à leur guise du palais des dieux. Ils pouvaient utiliser la magie pour élever une île et vivre dans les airs comme des dieux. Ils pouvaient prolonger leur espérance de vie au point de paraître immortels. Ils commencèrent donc à penser que leurs pouvoirs étaient égaux à ceux des dieux. Et malgré leur sagesse, ils finirent par devenir extrêmement arrogants.
C’est ainsi que les Géants se prirent pour des dieux.

Ils commencèrent par expérimenter la modification d'organismes vivants pour créer de nouvelles formes de vie et appelèrent la magie permettant d’accomplir de tels miracles, "science".
Intoxiqués par la puissance, les Géants organisèrent une énorme armée afin de se battre contre les dieux en dépit de la précédente défaite de Shilen.
Les dieux virent les préparatifs et devinrent enragés. Einhasad, qui avait revendiqué le droit de créer la vie, était tellement en colère qu'elle en restait sans voix. Elle jura de détruire tous les Géants du continent et du monde entier. Gran Kain lui demanda de garder son calme.

"Tout comme tu es la Mère de la Création," avança-t-il, ", la Destruction est de ma responsabilité. Tu sais très bien que j'aurai à intervenir pour accomplir ta tâche. Je punirai les Géants pour leur conduite arrogante. Mais si tu tiens toujours à détruire le monde entier, je te combattrai de toutes mes forces". Gran Kain ne voulait pas autoriser la destruction du monde dans son intégralité, et Einhasad fut grandement offensée par son intervention. Cependant, leurs statuts étant égaux, elle ne pouvait l'en empêcher.

Einhasad établit au final un compromis. Afin de punir les géants, elle décida d'emprunter le marteau de Gran Kain, connu en tant que Marteau du Désespoir. A cause de sa formidable puissance de destruction, même Gran Kain ne s'en était jamais servi. Pourtant, dans sa fureur Einhasad projeta le marteau loin au dessus de leur tête et le dirigea dans sa descente vers le centre de la cité des Géants.

Septième Chapitre : la fin d’un âge

Alors que des flammes rougeoyantes tombaient des cieux, les Géants réalisèrent enfin la folle erreur qu'ils avaient commise. Ils se réunirent pour combiner leur force afin de contrecarrer le Marteau du Désespoir, symbole de la fureur d'Einhasad. Pourtant, même la force des Géants ne put que légèrement altérer la direction du marteau, et il se dirigea tout de même vers les cités dans sa folle descente sur le monde.

Le choc fut suffisant pour détruire la plus grande cité du monde. D'innombrables Géants et des êtres de toutes races tués instantanément. Il ne resta qu'un énorme cratère que des vagues immenses finirent par recouvrir. Vers la fin, presque tous les géants avaient péri.

Les quelques survivants des autres races prirent tant bien que mal la route pour leurs terres d’origine afin de se mettre en sécurité au sein de leurs peuples respectifs. Les tribus naines ne manquèrent pas à cet exode et l’on put voir de nombreuses caravanes parcourir les chemins, escalader les montagnes, composées de nains de tous âges serrant contre eux les maigres possessions qu’ils avaient pu sauver.

Les Géants qui réussirent à survivre durent fuir vers l'est pour échapper à la colère d'Einhasad. Leur route suivit la même que celle que Shilen avait prise lors de sa propre fuite. Einhasad continua de les pourchasser et brûla un par un ceux qu’elle trouvait à sa portée, par les éclairs qu’elle leur lançait. Les rescapés tremblaient de peur et adressèrent leurs prières à Gran Kain.

"Gran Kain, Gran Kain ! Nous avons réalisé nos erreurs. Seul Toi peux arrêter la fureur aveugle d'Einhasad. Ne nous laisse pas périr, nous qui sommes nés au même endroit que Toi, et qui avons été faits les créatures les plus sages et les plus fortes sur la terre." Gran Kain fut soudainement pris d'une immense pitié pour ces pauvres créatures et pensa que les Géants avaient suffisamment souffert de leur transgression. Il releva les eaux profondes des mers du sud et bloqua la route d'Einhasad.

Einhasad cria de rage : "Qu'est-ce donc ? Qui ose s'interposer devant moi ? Eva, ma chère fille, débarrasse moi de l'eau qui bloque mon chemin à l'instant ou prépare toi à suivre les traces de ta sœur aînée !" Eva prit peur et renvoya immédiatement l'eau dans les mers.

Einhasad continua à poursuivre les géants, les tuant un par un. Les Géants s'adressèrent à nouveau à Gran Kain : "Gran Kain ! Le plus grand des Dieux ! Einhasad continue de nous pourchasser, déterminée à tous nous exterminer. Nous t'implorons, sois généreux et sauve nous !" Et Gran Kain éleva la terre où se tenaient les Géants.

La grande falaise gêna la poursuite d'Einhasad et elle cria : "Maphr, ma fille bien aimée ! Qui ose interférer contre moi ? Redescends la terre à l'instant. Ou sois prête à suivre les pas de ta soeur !" Prenant peur à ces mots, Maphr essaya de descendre le niveau de la terre, mais Gran Kain l'arrêta.

"Einhasad, pourquoi n'arrêtes tu pas ? La terre entière devine ta colère et tremble devant ta fureur. Les Géants, sages, mais fous de t'avoir provoquée savent au plus profond d'eux même qu'ils ont commis une erreur. Regarde par toi même ! La race de ces fières et nobles créatures, qui pendant un temps gouvernèrent la terre, se cache sur une étroite bande de terre et tremble de peur alors qu'elle cherche à t'échapper ! Plus jamais ils ne pourront provoquer les dieux. Ce lieu sera leur prison éternelle. Calme donc ta fureur, ta vengeance est accomplie."

Einhasad continua à tempêter, mais elle ne pouvait agir contre la volonté de Gran Kain, car il possédait une force égale à la sienne. Elle décida que, comme Gran Kain l'avait suggéré, il valait mieux laisser les Géants sur cet étroit morceau de terre stérile afin qu'ils puissent se repentir de leurs fautes à jamais, plutôt que de les exterminer. Elle stoppa alors sa poursuite et retourna chez elle.

Par la suite, Einhasad intervint rarement dans les évènements sur la terre, les êtres vivants l'ayant grandement déçue. Gran Kain accepta lui aussi de ne pas réapparaître sur terre. L'âge des dieux était arrivé à son terme.

Huitième Chapitre : les conséquences

Le monde était tombé dans un énorme tumulte à la suite de la soudaine disparition des Géants. Habitués à être gouvernés par ces derniers, les elfes, nains et humains durent faire face à une difficile réalité : ils ne pouvaient plus compter que sur eux mêmes. Et par-dessus tout, le monde dans lequel ils vivaient était complètement ravagé par la chute du Marteau du Désespoir. Beaucoup étaient morts pendant le cataclysme causé par Einhasad, et encore plus moururent lors de la confusion et du chaos qui suivirent. Les races de la terre prièrent avec ferveur les dieux de les sauver, mais ces derniers ne répondirent pas.

Les premiers à prendre le contrôle de la situation furent les Elfes. Etant la race en charge de la politique à l'époque des Géants, les Elfes réussirent dans un premier temps à unifier les races et à les faire vivre en paix. Mais peu à peu, il devint apparent que les Elfes n'avaient pas les mêmes capacités à gouverner que les Géants. Et les premiers à tenir tête aux Elfes furent les Orcs.

"Est-ce que les Elfes sont plus fort que nous ? Non ! Est-ce que les Elfes ont le droit de nous gouverner ? Non ! Nous ne pouvons pas supporter que des plus faibles soient au dessus de nous !"

La force militaire des Orcs était puissante. Les Elfes qui avaient toujours vécu en paix, loin des conflits organisés par les Géants n’étaient pas préparé pour la guerre. Ainsi ils ne purent s'opposer aux fiers et impitoyables Orcs. La majorité des terres furent envahies et devinrent le territoire des Orcs en peu de temps, et les Elfes furent repoussés dans un coin du continent.

Acculés loin des territoires envahis par les Orcs, les Elfes demandèrent l'aide des Nains qui, avec leur force constitution, le développement de leurs savoir-faire et leurs armes de qualité bien supérieure, pourraient avoir une chance de les aider à vaincre les Orcs.

"Race de la Terre, crièrent les Elfes, venez à notre secours. Les violentes hordes d'Orcs nous persécutent de leur puissante force. Venez, battons-nous ensemble contre eux."

Les tribus naines s’étaient difficilement remises de la disparition des Géants et commençaient tout juste à s’organiser à nouveau. Les populations étaient peu nombreuses, suite à la mort de nombre d’entre eux, dans la colère d’Einhasad. Leur peuple, fondé sur des principes communautaires menait sa vie en dehors de tout conflit. Lorsque les Elfes avaient repris les rênes de la politique et des relations entre les races, ils avaient laissé faire, bien heureux de laisser ces tâches complexes et trop peu terre à terre pour les intéresser.

Chaque tribu avait appris aux autres à maîtriser les différents savoirs que Maphr leur avait légués, mais avait en conservé les secrets. Le peuple avait constitué une sorte de Conseil de sages, composé des cinq chefs de tribus et de cinq autres représentants désignés par les autres membres. Ce conseil leur permettait de prendre les décisions engageant l’ensemble des Nains sans prendre le risque de luttes intestines. Les discussions tournaient bien souvent autour de problèmes pragmatiques tels que l’ouverture de nouveaux sites d’excavation ou l’agrandissement des champs de houblon.

Mais lorsque les Elfes vinrent demander l’aide du Peuple Nain, le Conseil se réunit et discuta de la décision à prendre. Après un court laps de temps, ils décidèrent que si le Monde était à présent en faveur des Orcs, ils n’avaient pas à remettre cela en cause. C’était une preuve pour eux que le Peuple des Elfes était un peuple faible, et les Nains n’étaient pas de ceux qui s’allient aux faibles. Ils refusèrent donc froidement de leur venir en aide.

Les Elfes étaient fous de rage, mais ne purent les faire revenir sur leur décision. Ils décidèrent de chercher l'aide de la race des vents, les Arteias. Leur capacité d'observation et leurs attaques aériennes seraient une aide suffisante pour les aider à triompher des Orcs. Une délégation elfique voyagea aux confins de la terre pour obtenir leur aide.

"Race des vents, venez à notre secours ! Les barbares Orcs nous oppriment de leur puissante force. Unissons nous et montrons leur à quel point ils ont été fous !"

Mais comme toujours, les Arteias n'étaient pas intéressés par la politique ou les guerres sur la terre. Ils étaient déterminés à ne pas prendre parti et se cachèrent plus profondément dans les terres. Les elfes furent désespérés.

"Ainsi, personne ne nous aidera ! Est-ce la fin de notre race ? Les Orcs répugnants contrôleront donc les terres et clameront toute gloire et richesses pour eux-mêmes ?"

Neuvième Chapitre : une nouvelle alliance

Repoussés par les Nains pragmatiques et les neutres Arteias, les Elfes demeuraient sans alliés pour poursuivre la guerre contre les Orcs. Alors qu'ils pleuraient sur leur sort, les Elfes furent surpris par l'arrivée d'un étranger dans leurs rangs. Ce dernier s'agenouilla devant le roi Elfe, qui découvrit alors que c’était un représentant des Humains, et qu’il portait une couronne faite de branches d'arbre.

"Qu'il y a-t-il, chef des humbles Humains ?" demanda le roi Elfe, "Es-tu venu te gausser de notre situation difficile ?"

L'Humain inclina la tête et dit : "Non, sage roi. Nous venons voir si nos faibles forces peuvent être d'une quelconque aide."

Les Elfes se réjouirent. Bien que les Humains fussent bêtes et faibles, leur grand nombre pourrait être précieux dans une bataille.
"C'est très louable de votre part, roi Humain", acquiesça le roi Elfe. "Bien que vous soyez des êtres insignifiants, votre loyauté et votre volonté de sacrifice en notre faveur est admirable. Menez la bataille vers la victoire et vous vous tiendrez directement sous les Elfes."

Le roi Humain s'inclina plus bas devant le roi Elfe, puis releva la tête, face à son homologue. "Très noble roi des Elfes", dit-il, "Les Humains ne demandent qu'une requête avant que nous nous battions pour la glorieuse victoire de la race elfique. Nos forces sont trop faibles. Nos dents ne peuvent même pas égratigner la peau des Orcs et nos ongles sont inutiles face à leurs muscles. Nous vous implorons de nous accorder le pouvoir nécessaire afin de tenir contre eux. Enseignez-nous votre magie."

Cette soudaine demande choqua les Elfes et les rendit furieux. Enseigner la magie aux humains ? Jamais ! Ils gesticulèrent, menacèrent d'utiliser des sortilèges pour réduire les Humains en tas de cendres, mais la dirigeante elfe Veora intervint. Elle indiqua que la requête n'était pas à considérer comme une menace et devrait même être honorée. Les Humains étaient trop faibles et il serait étonnant qu'ils arrivent à battre les Orcs sans aucune aide. Et avec leurs cerveaux inférieurs, les Humains ne seraient pas une menace, même s'ils étaient capables d'apprendre la magie. Elle prit ainsi cette décision qui lui coûterait la vie bien plus tard.

Les Humains assimilèrent rapidement les arcanes de la magie, apprenant bien plus vite que les Elfes ne l'avaient prévu. Le corps humain, bien que moins résistant que celui des Orcs, avait été endurci par les travaux permanents et les luttes internes. Ils étaient habiles de leurs mains et pouvaient parfaitement se servir d'armes, et, bien plus que tout cela, leur nombre était énorme et impressionnant. En très peu de temps, l'armée humaine devint une formidable force.

Dixième Chapitre : la trahison d’un allié

L'alliance des Humains et des Elfes commença à prendre le dessus sur les Orcs.

Pendant ce temps, le Peuple Nain s’était développé et agrandi. Ils surveillaient de loin cette guerre des peuples et priaient Maphr et les Esprits de la Pierre pour que leurs terres soient épargnées. Un culte primitif commença à se dessiner dans certaines tribus à cette époque. Ils savaient qu’ils ne pourraient passer outre ce conflit et qu’à un moment où un autre, leur peuple devrait choisir un camp et s’y tenir. Et ils se préparaient.

Les Valdahaz produisaient et stockaient des vivres autant qu’ils le pouvaient en prévision de la guerre. Ils fournissaient ainsi ce qui manquait aux autres tribus. Ils organisèrent aussi de nombreuses fêtes où la bière coulait à flot afin de remonter le moral des nains inquiets.

Les Skrati minaient encore et encore jusqu’à l’épuisement, allant au plus profond des mines et découvrant des minerais de plus en plus rares et de plus en plus solides. Ils fournissaient ainsi les artisans afin de les aider à consolider les bâtiments et à fabriquer du matériel.

Les Angaz avaient beaucoup évolué dans leur art. Outre les connaissances de base de la construction et de la fabrication des objets courants, ils s’étaient spécialisés dans l’équipement militaire, et chaque artisan rivalisait avec ses collègues afin de fournir la plus belle armure ou la meilleure arme possible. Par ailleurs ils avaient appris à maîtriser l’ingénierie et fabriquait à présent des golems, sortes de machines presque douées de vie et capables d’effectuer de menus travaux aussi bien que de défendre les nains qui les contrôlaient.

Les Rhunki quant à eux s’était organisés en petits groupes, spécialisés dans des domaines particuliers.
Le premier s’occupait de la mémoire du peuple, écrivant et archivant chaque événement, important ou non, de la vie quotidienne. Il nommait aussi les messagers chargés de communiquer avec les autres tribus.
Le second s’attelait à rédiger des codes et des règlements afin de gérer les incidents qui pouvaient intervenir. Il avait aussi créé une sorte de petit tribunal qui permettait d’alléger le travail du Conseil sur les décisions sans importance.
Le troisième était entièrement dévoué à l’étude des runes et à leur utilisation. Ses membres se déplaçaient souvent afin de bénir un bâtiment nouvellement construit ou une arme, en gravant la rune appropriée dessus.
Le dernier enfin, se chargeait de récolter les offrandes à la Déesse et aux Esprits de la Terre et de prier pour le salut des nains qui en avaient besoin.

Les Orcs, menacés par l’alliance des Humains et des Elfes tentèrent de contourner leurs ennemis à plusieurs reprises en effectuant des incursions dans les Terres Naines. Ce qui eut pour effet de mettre les Barag très en colère, et ces vaillants guerriers repoussèrent les petits groupes sans relâche. Puis, voyant que la guerre tournait au désavantage des Orcs, ils eurent une idée et convoquèrent le Conseil.

Les membres du Conseil ne furent pas convaincus de suite lorsque les Barag leur expliquèrent que d’apporter leur aide à l’alliance qui ressortirait vainqueur du combat serait avantageuse pour leur peuple. Les anciens craignaient en effet qu’en cas de défaite, les conséquences soient désastreuses. Ils pensaient que rester en dehors de tout conflit était la meilleure solution. Mais ils acceptèrent d’envoyer des espions sur les lieux de bataille afin de rapporter la situation sur place.

Les rapports des espions confirmèrent ce qu’avaient dit les Barag. L’alliance était en train de gagner du terrain et il était temps que les Nains choisissent leur camp, sous peine de subir le même sort que leurs voisins Orcs. Ils dépêchèrent donc des émissaires, proposant de fournir du matériel de qualité aux combattants humains afin de les aider à gagner. Les Barag, quant à eux furent chargées de contenir les Orcs à la frontière entre leurs deux territoires.
Grâce aux armures de qualité, plus résistantes et aux armes acérées, fabriquées par les Nains, les Humains pouvaient enfin battre les Orcs sans l’aide des forces elfiques.

Les Elfes finirent par en être incommodés malgré l’augmentation croissante du nombre de victoires de l'alliance. Ils sentaient que les Humains devenaient plus puissants et commençaient à échapper à leur contrôle. Pourtant les Elfes refusaient de considérer gêne, car ils n'arrivaient pas à accepter l’idée que le plus médiocre d'entre tous les peuples, la lie humaine, pouvait fomenter une rébellion. De plus, avec la victoire finale sur les Orcs à portée, les Elfes n'avaient plus le temps de s'inquiéter des Humains. Ces derniers continuèrent donc à apprendre des formes de magie plus avancées sans en être inquiétés.
La guerre se termina avec la victoire de l'alliance des Humains et des Elfes, soutenus par les Nains. Les Orcs furent forcés de signer un traité de paix humiliant et retournèrent rapidement vers la sécurité de leurs habitats dans le nord d'Elmore.

Le chef des Orcs s'esclaffa lors de son départ : "Idiot d'Elfes. Cette victoire n'est pas la vôtre, mais celle de ces sales Humains. Comment pensez-vous pouvoir contrôler ces monstres que vous avez créés ?"

A la lueur de ces mots acerbes, les Elfes durent faire face à une nouvelle menace, les Humains. Mais après cette longue et épuisante guerre, les Elfes étaient trop las et trop faibles pour recommencer à se battre. A l'opposé, les Humains, galvanisés par leur nouvelle puissance magique, étaient prêts. C’est ainsi que les Humains se retournèrent contre les Elfes.

Les Nains évitèrent de se mêler à ce nouveau combat. Leurs terres ne leur paraissaient pas menacées et ils retournèrent à leur vie tranquille, essayant de se faire oublier. Même les Barag profitèrent de la reddition des Orcs pour se laisser aller un peu et prendre du bon temps. Mais de nouvelles idées étaient nées dans l’esprit de certains Nains. Ils venaient de découvrir que leurs savoir-faire et leurs richesses pouvaient permettre de nombreuses choses. Et quelques artisans décidèrent qu’après la fin du conflit, certains d’entre eux partiraient vers les terres humaines afin de proposer leurs services en échange d’autre chose. Ils ne savaient pas encore de quoi, mais ils étaient sûr de trouver une fois sur place.

Beaucoup trop tard, les Elfes finirent par réaliser qu'ils avaient pris sous leurs ailes les descendants des dragons. Une terrible bataille de magie opposée à la magie secoua encore les terres. Mais les Elfes étaient trop faibles pour supprimer les forces humaines. Ils furent lentement repoussés jusqu'à ce qu'ils soient obligés de battre en retraite pour se réfugier dans leur forêt. La magie elfique était plus forte en ces bois et ils cherchèrent à se servir de cet avantage pour gagner.

Les Elfes creusèrent de profonds donjons qui furent rapidement envahis par l’écho des épées s'entrechoquant et des cris de guerres. Mais après un siège de trois mois, les Humains sortirent grands vainqueurs du combat. Ni la fierté des Elfes, ni leur magie supérieure, ni même la puissance magique des bois elfiques, ne put s'opposer au flot continu des armées humaines. Les Elfes subirent de lourdes pertes et finirent par s'échapper au plus profond de leur forêt. Pendant leur retraite, ils créèrent de solides barrières magiques autour de leurs bois pour bloquer l'accès aux Humains aux autres races.
C’est ainsi que les Humains conquirent toutes les terres.

Onzième Chapitre : l’histoire réécrite

Pendant les longs combats contre les Orcs et les Elfes, les Humains commencèrent à former des royaumes primitifs entre eux. Le groupe central était composé du clan Athena et des Humains doués en magie. Ils protégeaient leur nombre par la force, conservaient l'ordre par les menaces, et s'impliquaient parfois dans de petites escarmouches ou des combats plus importants.

L'ordre fut rapidement rétabli quand le chef du clan Athena, Shuniman, réunit les régions actuellement connues en tant qu'Aden et Elmore. Il nomma son royaume Elmoreden et se couronna lui-même empereur. La couronne de branches d'arbre qui ornait la tête de ses ancêtres se transforma en couronne d'or ornée de pierres scintillantes pour orner sa propre tête. Il fut rapidement considéré comme un dieu au sein de ses partisans.

L'empereur Shuniman était inquiet sur les limitations de la vie humaine. Le fait que Gran Kain, dieu de Mort et de Destruction, fut leur créateur donnait aux Humains un complexe d'infériorité. De plus, les histoires racontant qu'ils avaient été créés avec les restes des autres races étaient extrêmement humiliantes pour ces nouveaux gouverneurs. Pour leur nouveau royaume, ils avaient besoin d'un nouveau mythe, d’une nouvelle histoire qui les montrerait en tant qu'êtres nobles.

Par la suite, au travers d'une réforme religieuse à grande échelle, Shuniman fit d'Einhasad la déesse des Humains à la place de Gran Kain. Mythes et histoire furent modifiés et ceux pratiquant la magie noire, même les adorateur de Gran Kain, furent persécutés. La réforme religieuse continua sur des générations si bien qu'au final, les Humains croyaient que Einhasad, la déesse du Bien, était leur créatrice et Gran Kain était simplement le dieu du Mal. En apprenant ceci, Gran Kain l'accepta en riant.

"Même s'ils ne me servent pas, ça ne me mettra pas en colère. Mais, idiots d'humains, qu'importe la manière dont vous essayerez de cacher la vérité, le mensonge est-il suffisamment gros ?"

C’est à cette époque que la première caravane commerciale naine fut créée. Une trentaine de nains et de naines, parmi les plus jeunes et les plus motivés, décidèrent de parcourir le monde en direction du nouveau royaume humain afin de tenter leur chance. Ils étaient lassés de leur petite vie communautaire. Ils étaient pour la plupart issus de la tribu des Angaz, les meilleurs artisans de leur peuple, accompagnés de quelques Skrati, désireux de découvrir de nouveaux matériaux à amasser et de quelques Valdahaz qui rêvaient de faire découvrir leur trésor à d’autres populations, la bière naine, la meilleure d’après eux. Ils se renommèrent eux-mêmes la tribu des Urbar, désireux de rompre définitivement avec leur passé. Ils firent une longue route et s’installèrent parmi les Humains, dans la première ville qu’ils rencontrèrent, essayant de s’intégrer dans cette population étrangère en proposant de nombreux services de fabrication.

Les Barag de leur côté commençaient à s’ennuyer. Les Orcs ne leur semblaient plus réellement être une menace et la vie quotidienne leur pesait un peu. Certains décidèrent de partir à l’aventure et de louer leurs services afin de nettoyer les régions envahies de créatures sauvages et dangereuses. D’autres se mirent dans la tête de partir à la recherche des trésors oubliés. Une poignée resta sur les terres qu’ils avaient toujours habitées, soucieux de préserver leurs traditions.

Quant aux Rhunki, ils prenaient de plus en plus de pouvoir. Maphr leur avait donné la connaissance des écritures et ils la mettaient à profit chaque jour afin de réglementer toujours un peu plus la vie de tous les nains. C’est ainsi que le premier codex de lois apparut. Par ailleurs, du culte primitif à la gloire de Maphr était né un clergé plus structuré, qui s’était approprié l’usage des runes, reléguant ceux qui en étaient précédemment dépositaires, au simple rôle de gardiens. Les nouveaux prêtres avaient découvert la magie qui pouvait être activée grâce à ces runes et ne se lassaient pas de l’utiliser pour impressionner les autres nains.

Douzième Chapitre : Elmoreden et Perios

Pendant que l'empereur Shuniman et le royaume d'Elmoreden prospéraient, la région de Gracia par delà les eaux était toujours encline à l'agitation. La géographie de Gracia était variée et dangereuse et alors que de nombreux groupes humains se battaient pour le pouvoir, aucune force suffisante n'avait émergé pour unifier le gouvernement. De petits royaumes parsemaient le territoire, clamant les portions de terre en leur nom et menaient de petites batailles et des guerres de plus grande envergure pour leur poursuite de la domination.

Le jour vint où la puissante armée d'Elmoreden envahit la contrée en traversant l'eau par l'ouest, et les différents royaumes de Gracia furent obligés de s'allier afin de pouvoir se défendre. La plus grande partie des nobles et aristocrates furent tués. Les aristocrates survivants gagnèrent bien évidemment en puissance. L'invasion des Elmorediens finit par être repoussée, mais elle servit à poser les fondations d'un royaume de Gracia unifié. Ce royaume se nomma Perios.

Par la suite, Perios et Elmoreden entrèrent dans une lutte permanente pour la domination. Elmoreden, qui était le premier royaume à avoir été unifié et qui possédait une puissance militaire plus importante, était largement supérieur. Mais Perios disposait d'avantages particuliers. Pour commencer, la mer qui séparait les royaumes limitait les possibilités d'attaques d'Elmoreden. Un autre point important était que le peuple de Perios possédait des reliques puissantes abandonnées par les Géants qui leur appportait un avantage militaire.
Malgré leur impressionnante force militaire, les troupes du royaume d'Elmore ne réussirent pas à conquérir Perios.

Treizième Chapitre : Beleth et la Tour d'Ivoire

Dans le royaume d'Elmoreden était la maison de la Tour d'Ivoire, une institution pour l'apprentissage de la magie. Les mages qui y travaillaient s'acharnaient à retrouver, étudier et améliorer la magie des anciens Géants. Les capacités magiques des étudiants de la Tour étaient énormes, et pendant un temps leur influence dans le royaume fut presque aussi importante que celle de l'empereur d'Elmoreden.

Parmi ceux de la Tour d'Ivoire se trouvait Beleth, le plus puissant de tous les mages et l’un des plus grands génies ayant jamais existé sur la Terre. Il était obsédé par la magie des Géants et arriva à obtenir quasiment l'intégralité de leur force. Mais le pouvoir des Géants était une force maudite qui n'était pas faite pour les Humains. Ainsi, une fois qu’il l’eut obtenue, son ambition et sa soif de pouvoir crurent rapidement. Alarmés, le royaume et les mages de la Tour d'Ivoire combinèrent leurs forces pour se débarrasser de Beleth. Mais ce dernier détenait un pouvoir extrême sur les sombres arcanes.

Finalement, les magiciens de la Tour d'Ivoire utilisèrent la magie noire interdite pour réussir à diminuer les pouvoirs de Beleth. Cela fut suffisant pour le capturer et l'enfermer dans les donjons sous la tour. Mais malgré les chevaliers et les magiciens qui gardaient la prison, Beleth fut capable de s'en échapper. Il prit la fuite vers l'île d'Hellbound pour récupérer ses forces et pouvoir ainsi poursuivre dans son désir de conquérir le royaume.

La magie noire utilisée pour capturer Beleth avait eu un effet secondaire. Les zones sud de la région, connue à présent en tant que la ville de Gludio, furent dévastées par la magie noire, et beaucoup d'humains furent tués lors de l'incantation du sort. Le royaume en rejeta la faute sur Beleth et répandit la rumeur que ce dernier était un diable.

Quatorzième Chapitre : la discorde des Elfes

Un important changement survint dans les bois elfiques vers la même époque. Avec la perte du contrôle du continent humain, les Elfes perdirent leur confiance en eux au fur et à mesure. Ils oublièrent même leurs ambitions de règne et se contentèrent de vivre en paix dans leurs forêts.

Il existait un groupe qui n'était pas satisfait de cette complaisance. Ces Elfes étaient connus sous le nom d'Elfes bruns. Possédés par une forte ambition, ils insistèrent sur le fait que les combats avec les Humains devaient continuer, même si cela impliquait l'utilisation de la magie bannie, la magie noire. Cependant, ce point de vue rencontra une violente opposition de la part des autres Elfes.

Pendant cette période, un magicien humain apparut parmi les Elfes bruns. Il rencontra leur chef et lui dit ceci :

"Roi des Elfes bruns, vous désirez la puissance. Mais les faibles Elfes sylvestres et leurs partisans ont peur que vous obteniez le grand pouvoir qui vous est destiné. Ils s'inquiètent uniquement de la manière dont vous les attaquerez ou de savoir si vous les emmènerez dans un plus grand désastre en provoquant les Humains. Ce sont ces piètres pensées qui ont amené cette faiblesse au sein de la race des Elfes."

Le chef des Elfes bruns répondit, suspicieux : " Qui es-tu, mage humain ? Quel but poursuis-tu pour nous essayer de nous duper ainsi ?"

"Mon nom est Dasparion, et je ne suis qu'un simple magicien. Mais je possède la force que vous désirez. Je peux vous aider à réaliser vos rêves ambitieux ... En retour, vous devrez me donner ce que je désire le plus."

"Ce que tu désires le plus ? Et qu'est-ce que cela pourrait être ?"

"Votre jeunesse. Le secret de la vie éternelle." Un léger sourire apparut au coin des lèvres de Dasparion. "Bien que je sois habile en magie, je reste un Humain et mon espérance de vie n'est même pas d'une centaine d'années. Alors, roi des Elfes bruns ... quelle est votre décision ? Nous pouvons nous entraider pour obtenir ce que nous désirons vous et moi."

Séduits par les pouvoirs de la magie noire que Dasparion possédait, les Elfes bruns acceptèrent sa proposition et apprirent la pratique des sombres arcanes sous sa tutelle. En retour, Dasparion obtint la connaissance sur l'immortalité, et quitta la forêt elfique, satisfait.

En apprenant ce qu’ils avaient fait, les Elfes bannirent les Elfes bruns, qui avaient abandonné Einhasad en devenant les suivants de Gran Kain. Une bataille s'ensuivit impliquant tous les Elfes. Les Elfes bruns, agissant sur un conseil de Dasparion, utilisèrent un sortilège mortel pour annihiler les Elfes sylvestres. Mais ces derniers, en rendant leur dernier souffle, lancèrent une malédiction sur les Elfes bruns. Les arbres de ces derniers se décomposèrent. Et c’est ainsi que les Elfes bruns devinrent une race ténébreuse. Par la suite, ils furent appelés Elfes Noirs.

Quinzième Chapitre : la fin d’un âge d’or

L'âge d'or d'Elmoreden vint environ mille ans après sa création, pendant le règne de l'empereur Baium. Grâce à son charisme et à ses capacités de chef, Baium créa la plus grande armée de toute l'histoire du royaume. Elle renvoya les Orcs, qui avaient une considérable influence dans les régions nordiques d'Elmore, dans les forêts sombres, connues ensuite en tant que royaume des Orcs. De plus, l'armée de Baium mena plusieurs attaques couronnées de succès contre le royaume de Perios, et occupa par la suite les régions sud de Gracia.

Dans ses dernières années, Baium perdit tout intérêt pour les conquêtes et utilisa les forces de son royaume pour entamer la construction d'une tour majestueuse atteignant les cieux.

"Mon nom provoque la peur dans chaque recoin du continent. Des milliers de vie peuvent être sauvées ou perdues par un simple mouvement de ma main. Mon pouvoir est absolu. Mais savoir que je ne peux avoir ce pouvoir que pour quelques dizaines d'années, je ne puis le supporter. Non, j'obtiendrai des dieux la vie éternelle et je gouvernerai mon royaume pour toujours !"

La construction de la magnifique tour conçue par Baium prit trente ans. Il avait l'intention de s'en servir pour arriver jusqu'au palais des dieux et obtenir d’eux le secret de la vie éternelle. Mais quand il monta jusqu'en haut de la tour, les dieux s'opposèrent à ses plans et lui donnèrent cette réponse :

« Enfant des modestes Humains, et toi encore plus modeste que les autres : Tu oses salir notre demeure pour ta propre vie éternelle ? N'avez-vous rien appris de la leçon des Géants ? Très bien, si c'est la vie éternelle que tu désires, nous te l'accorderons. Mais jamais tu ne quitteras ta tour. »

Ayant attiré la fureur des dieux sur lui, Baium fut emprisonné par eux, en haut de sa tour, pour l'éternité. Après la disparition soudaine de l'empereur, une concurrence féroce éclata parmi les membres de la famille royale, chacun faisant valoir son droit au trône. Nombre d'aristocrates saisirent cette occasion, eux aussi, pour revendiquer le trône, ce qui laissa l'empire d'Elmoreden tout entier paralysé par des conflits internes. Le coût et le labeur requis pour la construction de la tour avaient suffisamment affaiblit le royaume. Les conflits pour le trône vacant s’y ajoutèrent et en furent le dernier acte. Le resplendissant royaume d'Elmoreden, puissance du continent depuis plus de mille ans, déclina rapidement. En moins de vingt ans, le royaume avait éclaté.

Pendant ce temps, le Peuple Nain avait beaucoup prospéré. La première caravane des Urbar avait été suivie par beaucoup d’autres. Des comptoirs commerciaux se tenaient à présent dans de nombreuses cités humaines et des échanges avaient même été mis en place avec les autres peuples, jusqu’aux terres les plus reculées. Mais les anciens restés en terres naines n’appréciaient guère la dissolution du peuple nain à travers le continent et regrettaient avec aigreur le temps où tous les enfants de la terre vivaient au sein d’une grande communauté.

Les nains qui s’étaient éloignés de leurs villages s’étaient par la même occasion éloignés de leurs traditions et de leurs coutumes. Certains avaient même oublié qu’ils étaient les enfants de Maphr et ne lui rendaient plus hommage. Ils présentaient une image de leur peuple qui choquait ceux restés au pays, une image de vils usuriers, assoiffés d’or et portés sur la consommation exagérée de la bière et de tous types d’alcool. Et chez les plus fidèles aux choses de l’ancien temps il se disait que ces nouvelles générations étaient retombée dans une forme d’asservissement bien pire que celle de l’époque des Géants, celle du bien matériel et de la valeur marchande.

Comme pour compenser, les nains qui étaient restés commencèrent à se replier sur eux-mêmes et à resserrer la vis aux plus jeunes. Le culte de Maphr et les rites religieux, qui avaient toujours été pratiqués librement étaient à présent imposés à tous. Et ceux qui dérogeaient à la nouvelle règle étaient punis. La tribu des Rhunki prenait peu à peu le pouvoir sur les autres et imposait sa manière de voir. Tous laissèrent faire, désemparés devant le délitement de leur peuple et la disparition progressive de tous les repères qu’ils avaient toujours connus. Seuls les Barag tentèrent de s’opposer à cette prise de pouvoir, mais devant le renoncement des autres nains, ils finirent par abdiquer.

C’est ainsi que le fils de la doyenne des Rhunki s’auto proclama le premier roi du peuple nain et se fit appeler Dalrik. Il relégua le Conseil des Anciens à un simple rôle consultatif et prit les rênes de ce qui restait du Peuple Nain.

Seizième Chapitre : l’avènement des deux royaumes

Les nombreuses guerres durèrent pendant plusieurs générations, mais de ce chaos, Gracia fut le premier sur la voie de l'unité. Un homme appelé Paris, grâce à sa force et à ses prouesses, apporta la gloire au sein de son peuple, gagnant plusieurs batailles et réclamant des terres au nom de Beheim.

Paris était devenu une légende quand lui et son armée firent face aux vicieux montagnards de Quaser. Dans un combat désespéré contre Tor, le plus grand guerrier de Quaser, Paris porta un coup décisif. Il n’avait perdu aucun combat jusqu'à ce jour, telle était la légende qui poussa Tor, blessé, à demander:

"Es-tu vraiment humain ? Une si grande force, une telle vitesse !"

Debout devant son ennemi, le regard de Paris se porta sur le champ de bataille, et il répondit :

"Ce que je désire le plus c’est unifier ces terres ... Brave combattant du nord, jure moi fidélité, et ensemble nous conquerrons les terres de tous ceux qui s'opposent à nous"

Ainsi, Paris mena les chevaliers du faucon blanc, les chevaliers du vent, et les montagnards, à présent alliés, au travers des terres de Gracia et furent victorieux à maintes reprises. La taille initiale des terres de Beheim augmenta plus de cinq fois. Quant à Paris, il organisa une révolte contre la royauté et s'empara du trône.

Cependant, les royaumes du sud restaient très actifs et beaucoup se sentaient concernés par les nouvelles mouvementées en provenance de Gracia et Elmore. Un chef charismatique fini par apparaître, Raoul. Il mena une campagne pour monter sa propre armée. Adroit en paroles, Raoul vainquit nombre de ses opposants, non pas avec des armes, mais avec des mots. Ces discours ressemblaient généralement à ceci :

"Seigneurs de ces terres ! Ne voyez-vous pas ce qui se passe au delà de nos frontières ? De formidables ennemis marchent sur nous à l'heure où nous parlons ! Le royaume d'Elmore a longtemps envié nos richesses et nos terres et attend uniquement le bon moment pour frapper. Si les troupes de la région de Gracia, au delà les eaux, se mettent aussi en route, nous serons débordés ! Il n'y a pas d'autre solution que de joindre nos armés sous un seul drapeau et de nous préparer à la guerre."

Raoul utilisa la persuasion pour renforcer l'unification des contrées du sud. Mais la menace perçue en provenance du royaume d'Elmore n'était pas aussi grande qu'elle le semblait, car le royaume était trop occupé par le soulèvement des Orcs pour concentrer son attention sur Aden.
Néanmoins, Raoul combina ses forces avec son loyal allié Inadril, et ensemble ils établirent le royaume d'Aden. A la différence de Paris, Raoul fit une campagne peu sanglante et progressa facilement dans l'ouest pour acquérir Kiran et Dion.

Ce fut en terres d’Oren que Raoul rencontra une première résistance à l’encontre de ses plans. Le royaume d’Oren se déclara lui-même chef des contrées du sud et n'accepta aucun autre dirigeant qui n'était pas le leur. Au final, les deux royaumes en vinrent à se battre, mais le royaume d'Aden obtint une remarquable victoire. Le royaume de Gludio, témoin de la force de l'armée d'Aden choisit de s'allier volontairement avec Aden, complétant ainsi l'unification. Par la suite, Raoul fut connu en tant que Roi de l'Unification.

Dix-septième Chapitre : les héritiers du royaume

A la suite de l'unification du royaume de Aden, Gracia renforça ses propres terres quand les derniers restes de l'opposition, les Hwuhs, tombèrent devant Paris. Ce dernier déplaça la capitale à Arpenino et réorganisa la structure de son royaume.

La nouvelle Aden prouva que c'était une puissance avec laquelle il fallait compter grâce à leur défense efficace contre l'avancée d'Elmore. Cependant, une nouvelle page de l'histoire d'Aden fut tournée avec la tragique et soudaine mort de Raoul. Sentant que le moment de frapper était venu, Elmore n’eut de cesse d’envahir les contrées du nord d'Aden. Le successeur de Raoul, Trabis, arriva à contenir l'envahisseur, mais il disparut rapidement, emporté par une maladie mystérieuse. Le candidat suivant au trône était un jeune garçon de seize ans, du nom d'Amadeo.

Apprenant la nouvelle, Paris s'exclama : "Les cieux sont venus en aide à notre royaume de Gracia ! Un roi de seize ans ? Ce sera la chute du royaume d'Aden."

Mais Paris sous-estima énormément le jeune Amadeo. Le jeune roi repoussa brillamment une attaque de grande envergure de l'armée d'Elmore, et Paris senti glisser entre ses doigts l'opportunité de conquérir Aden. Ignorant les conseils de tous, y compris de son homme de confiance Dillios, Paris lança une attaque massive sur terre et mer contre Aden.

Le résultat fut désastreux.

Asteir, prétendant évincé, au titre de roi d'Elmore, avait joint ses forces à celles d'Aden, l'ennemi de longue date de son père.

"N'as tu donc aucun amour propre ? Tu devrais te tuer toi même pour oser te tenir aux cotés de l'ennemi de ton père", cria Paris, en rage.

Asteir ignora l'insulte et répondit : "Je pourrai m'occuper de l'enfant plus tard, pour l'instant, tu es ma proie".

La bataille de Kiran fut un tournant dans l'histoire de cette guerre, et les troupes de Gracia, battues et démoralisées, se retirèrent dans leurs terres. L'échec de l'invasion d'Aden blessa profondément l'orgueil de Paris, lui qui n'avait jamais connu la défaite. Par la suite, Paris tomba malade et mourut.
L'héritier gracian était un homme frêle, nommé Carnaria, considéré par beaucoup comme incapable de gouverner le royaume. Membre de l'opposition, Cucarus refusa le droit de Carnaria au trône. Soutenu par l'ancien bras droit de Paris, Dillios, Cucarus gagna en popularité parmi le peuple de Gracian. Le royaume se coupa en deux factions, les partisans de Cucarus d’une part, et ceux de Carnaria de l’autre. Le nord et le sud de Gracia devinrent ennemis jurés, leurs luttes incessantes consommant toute leur énergie.

Ce fut la plus grande nouvelle qu’apprit Amadeo, et il utilisa ce répit pour renforcer le royaume d'Aden. Grâce à ses efforts, Aden, Elmore et Gracia finirent par signer un traité de paix et un difficile âge de paix s'installa.

En terres naines, le peuple était soumis à l’autorité du nouveau roi Dalrik et à celle du culte de Maphr. Les Valdahaz, les Skrati et les Angaz baissaient la tête devant le nouveau pouvoir et n’osaient pas broncher. Ils continuaient à vivre comme ils le faisaient auparavant, appliquant les nouvelles règles. La Rhunki devint ainsi la tribu dominante, et ses membres se partagèrent tous les postes importants et dignes d’intérêt. Le conseil des Anciens, réduit à quatre membres, ne servait plus que de faire valoir à des décisions prises avant même leurs réunions.

Seuls les Barag, exilés loin de leur terres d’origine, ruminaient dans leur coin et s’organisaient afin de préparer une rébellion. Mais ils trouvaient peu d’écho parmi les autres nains.

Les Urbar continuaient d’aller et venir entre les royaumes humains et les territoires de leurs ancêtres. Devant la nouvelle situation, certains décidèrent de revenir vers leurs origines et arrêtèrent leur vie itinérante. Les membres du culte étaient très persuasifs dans leurs méthodes. D’autres au contraire, coupèrent définitivement les ponts avec leurs familles et s’enfuirent le plus loin qu’ils le purent. Mais la majorité continua ses allers-retours, déplorant la nouvelle situation et cherchant un moyen d’aider les populations dominées.

Dix-huitième Chapitre : la révolte du Peuple Nain

Les Barag étaient maintenant fins prêts à mener la révolte contre ce pouvoir abusif. Mais, étant les malvenus dans les cités sous l’emprise des Rhunki, suite à leur opposition au pouvoir, ils ne savaient ni quel accueil leur serait réservé par la population, ni si d’autres nains participeraient au soulèvement. C’est pourquoi ils hésitaient à lancer les manœuvres.

Mais un événement fortuit leur donna enfin une occasion. Dalrik était devenu un vieux roi hargneux et mesquin, qui réclamait tous les égards. Il se faisait fabriquer régulièrement des armures d’apparat sur mesure par les meilleurs artisans afin de briller aux diverses cérémonies. Ce jour là, l’armurier attitré qui travaillait pour lui était malade et envoya son fils Kruti, jeune nain maigrichon et maladif à sa place pour terminer son ouvrage. Le pauvre Kruti était très apeuré de se retrouver seul en face du vieux monarque et lorsqu’il fit les derniers ajustements, il tremblait. C’est ainsi que son coude heurta maladroitement la cruche en cristal emplie de la meilleure bière, posée non loin, qui se renversa sur Dalrik. Ce dernier fut prit d’un élan de colère disproportionné et se saisit de sa lourde chope en or qu’il asséna sur le crâne du pauvre artisan. Kruti s’écroula, mort sur le coup, sous la violence du choc.

La nouvelle fit rapidement le tour du village et tous les nains, du plus jeune au plus vieux furent choqués par ce geste. Un nain qui tue un nain, c’était la pire des traîtrises, c’était un acte qui méritait le bannissement à vie … mais si ce nain était un roi … Le culte de Maphr averti rapidement organisa de suite une cérémonie lors de laquelle ils prétendirent que c’était Maphr qui avait dirigé le bras de Dalrik et que la volonté de la déesse ne pouvait être remise en cause. Le pauvre Kruti fut enterré rapidement et tout le monde pensa que l’affaire était oubliée.

Mais sa famille ne l’entendait pas ainsi. Et des nains commencèrent à se réunir secrètement et à tenir des discours qui remettaient en cause le pouvoir des Rhunki et de leurs sbires. Un vent de révolte se mit à gronder doucement au sein du Peuple Nain. Mais les artisans, tout autant que les prospecteurs et les brasseurs, n’étaient pas des guerriers et ne savaient par où commencer pour renverser ceux qui étaient en place depuis bien trop longtemps.

La solution vint des marchands. Toujours sur les routes, ils avaient conservé des relations avec les Barag et se proposèrent d’aller les rencontrer. Ce qu’ils firent. Un réseau de messagers se mit aussi en place pour contacter tous les nains qui vivaient sur d’autres terres afin d’obtenir un soutien maximum.

La révolte débuta un matin au lever du soleil, dans le village principal, centre du pouvoir en place. Les combats furent sanglants. Pour la première fois on vit des nains massacrer des frères. A la tombée de la nuit, tout était terminé. Les Rhunki qui avaient échappée aux coups meurtriers avaient pris la fuite, abandonnant tous leurs biens derrière eux. Le temple de Maphr n’était plus qu’un tas de cendres fumant et la bibliothèque avait été dévastée. On comptait aussi nombre de blessés chez les membres des autres tribus. Le silence s’était abattu et on croisait des nains hagards aux quatre coins du village. On retrouva le corps de Dalrik, baignant dans son sang, sa tête coupée à plusieurs pas de lui. Il fut enterré, sans honneur, avec les restes de ceux qui furent ses complices.

Epilogue

Les nains mirent longtemps à reprendre une vie normale. Ceux qui avaient participé à la révolte n’osaient plus se regarder tellement ils étaient honteux d’avoir usé de tant de violence. La génération suivante porta elle aussi la honte de ce qu’avait fait ses pères. Seule la force de l’habitude et le temps permirent au Peuple Nain de retrouver leur rythme de vie. Chacun retourna à ses occupations et essaya d’oublier.

La bibliothèque fut rangée, le temple de Maphr fut reconstruit mais resta vide de tout culte … tout devait retrouver un aspect normal. Les morts furent enterrés, mais on ne construisit aucun monument à la gloire de ce qu’ils avaient fait. Le peuple était libéré du joug de la tribu des Rhunki mais ne savait que faire de cette liberté retrouvée.

C’est pourquoi le Conseil des Anciens fut reformé Il était maintenant composé des chef des clans restants (Angaz, Skrati, Valdahaz, Barag) accompagné chacun d’un adjoint élu, auquel s’ajouta deux représentants des Urbar, la tribu des marchands.

Le culte de Maphr avait totalement disparu, et les nains revinrent vers leurs croyances ancestrales, celles des Esprits de la Terre et de la Pierre, représentants de Maphr parmi eux.

Les Barag s’installèrent parmi les autres tribus, et de guerriers, ils devinrent peu à peu la Garde Naine, garante de la sécurité des villages et du Peuple Nain.

Des Rhunki, on n’entendit plus jamais parler. Ils avaient laissé tous les documents traitant des runes et de leur magie, toutes les études qu’ils effectuaient depuis que Maphr leur avait confié leur secret … mais plus personne ne savait décrypter tout cela. C’est ainsi que peu à peu le secret des runes se perdit.

Les commerçants reprirent le chemin des villes où ils s’étaient installés ainsi que les échanges avec les autres peuples. Plus rien ne remettait en question leur manière de vivre et leurs rangs ne firent que s’accroître au fil du temps.

Les autres tribus quant à elles continuèrent à faire évoluer et à enrichir les arts nains de la forge, la ferronerie, la sculpture sur pierre, la brasserie, la joaillerie ... avec l'amour du travail bien fait. Et le Peuple Nain fut bientôt reconnu à travers tout le continent pour l'exceptionnelle qualité de ses ouvrages.

Une page difficile de leur histoire était enfin tournée et les Enfants de Maphr avançaient maintenant vers un nouvel âge d'or.